Comment
y évoque
t-il son
travail
d'écrivain
et de
création
?
C'est
à la
fois
important
et très
précieux
dans la
mesure
où
Céline
n'a
jamais
fait
d'exposés
théoriques
sur le
sujet.
Il
trouvait
cela
très
poseur
et trop
abstrait
: un
texte,
selon
son
point de
vue,
marche
ou ne
marche
pas. Il
n'y a
pas à
aller
plus
loin.
Dans les
lettres
à des
critiques,
il
répond,
se
livre,
comme
dans ses
entretiens
avec des
confrères
tels
qu'Eugène
Dabit ou
Albert
Paraz.
Les
conseils
donnés à
ses
traducteurs
sont
aussi
riches
d'enseignements
et
étonnants...
Il
aimait à
dire
qu'avec
Racine,
il était
l'auteur
français
le moins
bien
compris
à
l'étranger...
Oui,
c'est
quelqu'un
qui
frappe :
il se
rapproche
du grand
Racine
alors
qu'il en
est
l'opposé
sur le
plan du
style !
Mais il
a cela
en
commun
avec lui
: il est
extrêmement
difficile
à
traduire
; ses
textes
sont
infiniment
pétris
des
subtilités
de la
langue
française.
Il
faisait
d'ailleurs
toujours
ce qu'il
pouvait
pour
aider à
ces
traductions.
Il
évoque
également
ses
premières
tentatives
d'écrivain...
Oui,
il ne
trouve
pas tout
de suite
le ton,
il se
trompe
lui-même
dans ce
qu'il
veut
écrire,
commence
par des
pièces
de
théâtre
: il
tâtonne
longtemps...
Dans la
correspondance
de son
voyage
au
Cameroun,
on sent
qu'il
s'agit
d'une
période
riche de
sa vie.
C'est un
jeune
homme
enthousiaste
passionné
de
sciences,
s'essayant
à
l'écriture,
réfléchissant
à
l'Histoire
et la
politique.
Vous
savez,
il n'a
écrit
Voyage
au bout
de la
nuit
que très
tard :
il avait
déjà 38
ans.
Et
sur la
question
de
l'antisémitisme,
que nous
enseignent
ces
lettres
?
Bien
évidemment,
on y
perçoit
clairement
son
évolution.
Dans son
milieu
d'origine,
c'était
monnaie
courante,
sans
conséquence,
mais
aujourd'hui
la
lecture
de ces
propos
est
horrifiante.
Il y a
une
rupture
en 1936,
à mettre
en
parallèle
de la
conjoncture
des
évènements
: son
antisémitisme
larvaire,
latent
devient
furibond
et
aboutit
à des
monstruosités.
En
tant que
spécialiste,
quel est
votre
point de
vue sur
la
censure
maintenue
des
pamphlets
tel
Bagatelles
pour un
massacre
?
Je
n'en
suis pas
satisfait
: c'est
de plus
en plus
anormal.
Quand
des
étudiants
envisagent
une
thèse
sur
Céline
sous ma
direction,
je leur
conseille
de lire
ses
pamphlets
et de
peser
leur
décision
après
cela :
trop de
monde en
parle
dans le
vide.
Dans ce
volume
de
correspondance,
j'ai
d'ailleurs
introduit
des
lettres
qui en
sont
l'équivalent
:
l'écrivain
s'y
exprime
durant
la
guerre,
on aura
accès à
tout
Céline...
et le
noir qui
va avec.
Ces
textes
ne
méritent
pas pour
autant
de
figurer
dans la
Pléiade
: il
faudrait
un
volume à
part
intitulé
Ecrits
polémiques,
accompagné
d'un
volume
critique.
(Propos
recueillis
par
Nicolas
LEGER,
BC n°
319, mai
2010).